En simple maillot et sans short. Le 7 mars dernier, les joueuses du Cercle Paul Bert de Bréquigny immortalisent leur entraînement. C’est sur leur compte Instagram qu’elles publieront leurs clichés pour mettre en lumière les inégalités de traitement des équipes féminines. Il aura fallu moins de 24 heures pour qu’elles soient propulsées sur les réseaux sociaux et dans la presse nationale. Retour sur ce buzz inattendu. 

Les joueuses du CPB Bréquigny © Pauline Herviaux

D’une photo Instagram à la presse nationale 

C’est sur un coup de tête spontané que s’est organisée cette initiative. « Au début, l’idée de jouer sans short partait d’une blague” nous confie Manon Tessier, joueuse dans l’équipe féminine senior du CPB Bréquigny. Encouragées par leur président, Jean-Marc Drouin, les joueuses du CPB Bréquigny se mettent d’accord une veille d’entraînement pour prendre la pose sans short. « Avec Manon [Eluère], on en parle au reste de l’équipe et le lendemain matin, nous voilà en train de jouer sans short ni chaussette.”  

C’est sur le compte Instagram de l’équipe @cpbbreqfeminine qu’elles relaient d’abord leurs clichés. Rapidement, leur nombre d’abonnés et de partages montent en flèche. Pour autant, les joueuses sont les premières surprises par leur médiatisation. “Nous avons tout de même contacté Ouest France sans s’attendre à quoi que ce soit. Nous ne nous attendions pas du tout à un tel engouement de la part des médias ! » s’étonne Manon Tessier. 

Des inégalités pointées du doigt  

“Là où les garçons avaient un équipement complet, nous avions seulement un maillot” explique Manon. Sourire aux lèvres, elle nous précise que ces maillots sont d’ailleurs taillés dans les standards masculins. Mais l’équipement s’est surtout voulu symbolique.  C’est pour mettre en lumière les inégalités encore bien ancrées dans l’univers du foot féminin que nos joueuses se sont exprimées. 
 
Pourtant, les joueuses du CPB Bréquigny semblent avoir le foot dans le sang. Elles évoluent en troisième catégorie nationale, la Régionale 1. Pourtant, les compétitions de foot féminin sont toujours à l’arrêt. “Pour la reprise de D2, nous n’avions eu aucune information, alors que les garçons avaient déjà repris ».  Un problème auquel s’ajoute la situation sanitaire actuelle, qui, selon elle, “n’arrange rien” et alimente un climat confus.

Un clin d’œil qui porte ses fruits  

Pour l’équipe, jouer sans short était encore le meilleur moyen d’attirer le regard sur une pratique encore trop peu popularisée en France. “Si à travers cette action on peut relayer et combler les inégalités grâce à nos bénévoles et partenaires pour faire bouger les choses, alors ce serait super.” 

Pari gagné ! Les joueuses du CPB Bréquigny ont reçu de nombreux soutiens de la part d’autres clubs solidaires de leur démarche. “Beaucoup de personnes ne sont pas au courant de la situation” rappelle Manon Tessier.  De son côté, La FFF affirme travailler sur de nouvelles pistes pour la saison 2021-2022.  

Promouvoir le sport féminin : une priorité pour la ville de Rennes et le CPB 

Le développement du foot féminin semble encore lent. Rodolphe Le Clerc, responsable de la section féminine du CPB Bréquigny rappelle que c’est une pratique récente et encouragée. “Nous travaillons par exemple de concert avec les instances fédérales pour offrir les meilleurs parcours sport-études aux jeunes filles de la région rennaise, et les accompagner dans leur parcours de performance, soit en les intégrant à nos sections, soit en les orientant vers les structures fédérales”.  Ainsi, depuis 3 ans, et pour offrir une égalité de pratique par rapport aux garçons, 2 sections sportives scolaires ont ouvert au Collège Les Chalais et au Lycée Bréquigny. 

Il n’y a pas d’âge ni de genre pour jouer au foot ! C’est dans cette optique que le CPB met en place avec le District d’Ille-et-Vilaine, des cycles Balle au pied. Ces cycles EPS à destination des écoles primaires sont organisés auprès de 2 classes de l’école Albert de Mun. L’objectif semble clair : “Amener plus de filles et femmes sur les terrains, notamment dans l’encadrement et l’accompagnement du football féminin, et cela va de pair avec d’autres actions menées par les structures fédérales comme les programmes « mesdames franchissez la barrière » et la création du module «animatrice» souligne Rodolphe Le Clerc. 

De son côté, l’évènement rennais Les Sports s’emm’Elles met en avant le sport féminin rennais depuis 4 éditions déjà. Les clubs de foot et de hand du Cercle Paul Bert prennent d’ailleurs part à l’initiative aux côtés d’autres acteurs sportifs.  Huit clubs rennais s‘unissent pour faire découvrir leurs disciplines : basket, rugby, volley, futsal et le foot gaélique. De beaux projets qui font écho à une intention évidente de valoriser le sport féminin.